Bonifacio

Les rebondissements qui ont façonné Bonifacio

La dernière fois que je me suis promenée dans le dédale de rues et de ruelles étroites et pavées de la vieille ville de Bonifacio, je me suis demandée quelles histoires ces murs pouvaient raconter.

Comme la Corse elle-même, Bonifacio a une histoire fascinante qui a connu de nombreux rebondissements au fil des ans. Ville-citadelle enchanteresse du sud de la Corse, elle est construite sur une étroite péninsule de calcaire blanc. La vieille ville se dresse majestueusement au sommet des falaises qui surgissent de la mer et surplombe un port naturel parfait qui a abrité des bateaux pendant des siècles et qui est aujourd’hui un port de plaisance moderne.

L’ancienne Bonifacio 

Nous savons que cette région de Corse était habitée dès 6 750 ans avant Jésus-Christ, grâce au squelette d’une jeune femme, connue sous le nom de « Dame de Bonifacio », découvert dans une grotte près du village de Capello, au nord de Bonifacio.

Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse et ses hommes débarquent sur les côtes d’une race de puissants géants, les Lestrygons. Lorsque certains de ses hommes sont dévorés par le roi et la reine, Ulysse et ses hommes restants tentent de fuir le port qui est entouré de toutes parts par un cercle de hautes falaises, avec pour seule issue un étroit canal. Les géants bombardent les bateaux d’énormes pierres et seul le navire d’Ulysse s’échappe. Certains pensent qu’il s’agit de Bonifacio et il est facile d’imaginer ces géants faisant pleuvoir des rochers du haut des falaises.

Bonifacio médiéval

Bien que les Romains aient habité un village sur le site, Bonifacio elle-même n’a pas été fondée avant 828AD par le comte Bonifacio de Toscane. Son château sur la péninsule de la ville était d’une grande importance stratégique pour protéger les frontières extérieures de la Toscane. De sa citadelle, il ne reste aujourd’hui que la tour ronde, Il Torrione.

En 1092, le pape Urbain II a donné la Corse à la République de Pise, qui a régné sur Bonifacio pendant les deux siècles suivants.

Lorsque les Génois s’emparaient de Bonifacio au XIIe siècle, ils massacrèrent les habitants et les remplacèrent par des familles ligures à qui l’on offrit, pour les inciter à s’installer, l’exemption de taxes et de douanes dans les ports génois. Un dialecte basé sur l’italien ligure y est encore parlé aujourd’hui. Au fur et à mesure de son développement, la ville est devenue une mini-république et une importante garnison génoise a été construite. Au fil des ans, celle-ci a été fortifiée et a été considérée comme imprenable pendant des siècles.

Bonifacio du 15e au 19e siècle

En 1420, le roi d’Aragon assiégea Bonifacio pendant cinq mois, essayant d’affamer les Bonifaciens pour qu’ils se soumettent, mais ceux-ci n’allaient pas céder sans se battre, lançant tout ce qui leur tombait sous la main contre leurs assaillants. À un moment donné, ils ont même lancé des fromages ! C’était l’idée de Marguerita Bobbia, dont une rue porte encore aujourd’hui le nom dans la vieille ville. Les Bonifaciens, affamés, finirent par construire un bateau qu’ils descendirent du haut de la falaise pour demander de l’aide à Gênes. Les derniers survivants ont réussi à bluffer leurs attaquants en leur faisant croire qu’ils étaient plus nombreux. Finalement, les secours arrivent et les Aragonais s’enfuient.

En 1554, alors que la ville se remettait à peine d’une épidémie de peste qui avait réduit son nombre à un tiers de la population initiale, elle fut à nouveau assiégée par les forces combinées des Français et de la flotte du pirate turc Dargut. Pendant 18 jours et nuits, la ville est assiégée à coups de canon. Un messager de Bonifacio fut envoyé à Gênes pour demander de l’aide, mais il fut capturé à son retour et contraint de mentir en disant que l’aide n’arrivait pas. Trompant ainsi les Bonifaciens pour qu’ils se rendent, les Turcs vont à l’encontre de leur parole, pillent la ville et massacrent la garnison.

Les Français ont supprimé les privilèges dont le port de Bonifacio jouissait depuis l’époque des colons ligures et les marchands ont commencé à déménager, entraînant un déclin commercial.

Explorer le Bonifacio historique aujourd’hui

Plus récemment, le tourisme a permis à la ville de prospérer à nouveau et, grâce à une restauration minutieuse, Bonifacio s’est transformée en une ville côtière élégante qui respire à la fois le glamour et l’histoire.

La seule voie accessible aux véhicules (et par le petit train touristique qui circule en été) vous fait entrer par la Porte de France construite en 1854. Avant sa construction, la seule voie d’accès était la Porte de Gênes (Genoa Gate). Pour atteindre cette ancienne porte, commencez à la marina et montez les marches raides de la Montée Rastello puis de la Montée St-Roch. De là, vous aurez une vue imprenable. Passez devant l’église St Erasme et entrez dans la citadelle par la Porte de Gênes. Cette ancienne entrée a été fortifiée par les Génois au 12ème siècle. Le pont-levis qui fonctionne encore aujourd’hui, grâce à un système de poids et de poulies, date de 1598.

Il Torrione, une tour de 35 mètres de haut située dans la rue des Pachas, date de 1195 et est la seule partie restante de la citadelle toscane.

Dans la rue de l’Hôpital, vous trouverez le sommet de 187 marches taillées dans la falaise qui servaient autrefois à transporter l’eau d’un puits jusqu’à la citadelle. On les appelle l’Escalier du Roi d’Aragon, mais ils existaient bien avant l’attaque de la ville par les Aragonais en 1420. La légende voudrait qu’ils aient été taillés en une nuit. Il y a de belles vues depuis ces marchés qui sont ouverts tous les jours pendant la saison estivale.

Au-delà se trouve le Cimetière Marin et l’ancien couvent de St François (dont il ne reste que le couvent restauré de la fin du 14ème siècle). Depuis l’Esplanade St-François, vous pouvez voir la Sardaigne de l’autre côté de la baie, une vue imprenable par temps clair.

Plus d’informations: http://www.incorsicamag.com/